ET SI…

la donnée, clé d’une mobilité durable ?

Situées à l’épicentre de l’écosystème de la mobilité, nos voitures sont aujourd’hui devenues des gestionnaires de nos déplacements. Au cœur de cette fonctionnalité, il y a la donnée qui y transite et nous assiste sur la route, dans la ville ou lors de nos escapades. Une donnée qui peut devenir un élément crucial en matière de prévention des pannes, de réparation et d’assistance prédictive. Et si, de simple assistante à la conduite, la donnée collectée se révélait être la clé d’une maintenance plus durable des infrastructures et des véhicules ?

  • transition énergétique
  • véhicule électrique

Plus la voiture devient communicante, plus elle pourrait être comparée à un smartphone roulant. Mêmes fonctionnalités. Mêmes technologies embarquées. Mêmes capacités à communiquer avec nos environnements numériques, à mesurer les performances, à nous guider et à nous assister dans nos vies quotidiennes. Toutes ces assistances ne surprennent plus grand monde aujourd’hui. Ce qui fait un peu oublier à quel point la voiture, au même titre que le smartphone, constitue un laboratoire d’innovations technologiques. Peu à peu, elle est devenue une interface entre le conducteur et son environnement routier, susceptible de s’adapter à ses habitudes de conduite, de l’informer de l’état du trafic, de l’itinéraire le plus court vers le supermarché ou de la disponibilité des bornes de recharge. Et l’histoire ne fait que commencer. Au cœur de cet écosystème, il y a la donnée devenue massive.

la voiture comme scanner géant

Les capacités grandissantes de l’intelligence artificielle permettent désormais d’aller un peu plus loin dans l’aptitude des véhicules à nous assister dans nos déplacements. D’abord en matière de sécurité sur la route. On peut imaginer les applications qui découlent d’un véhicule capable de scanner en permanence son environnement et de remonter en temps réel l’information à une base de données routière. En superposant des jeux de données collectés par les véhicules arpentant la chaussée, il est assez facile de détecter, par traitement informatique, tous les changements et les anomalies intervenues sur la voirie. Une aide cruciale pour les urbanistes dans la fluidification des villes. De quoi également tracer une carte de l’état des infrastructures routières d’un pays et donner un sacré coup de pouce aux acteurs de la maintenance pour engager des travaux avant toute dégradation de la chaussée. Rappelons que l’Europe compte plus de 70 000 kilomètres d’infrastructures à surveiller et entretenir rien que pour son réseau d’autoroutes. Et que le coût annuel lié à l’entretien des infrastructures routières est estimé à 100 milliards d’Euros pour les pays de l’OCDE1. On touche là à un sujet économique crucial.

quand la route alerte

Dans la perspective inverse, la multiplication des capteurs qui abordent désormais nos infrastructures rend imaginable une « route » capable d’analyser et d’informer en temps réel sur l’état des véhicules qui les empruntent. De quoi détecter, un jour, les risques liés à la somnolence au volant, au même titre qu’on est aujourd’hui en capacité d’informer le conducteur d’une intervention de la voirie ou de la densification du trafic… Ou même, pourquoi pas, alerter d’une anomalie mécanique sur un véhicule avant qu’elle ne provoque une panne grave. Un pas supplémentaire en faveur d’un principe de maintenance prédictive. L’analyse de la donnée constitue ainsi un moyen redoutable d’anticipation. Prévenir plutôt que guérir en quelque sorte. Côté véhicules, l’extraction de ces données est aussi un moyen d’établir des recommandations précises en matière d’entretien pour chaque véhicule de chaque automobiliste ou modéliser en temps réel l’état de vétusté d’une flotte automobile. De quoi programmer les opérations de maintenance ou de réparation et mieux répartir la charge chez les réparateurs et les concessionnaires.

route-alerte

visualiser pour (mieux) sensibiliser

Partant du principe qu’on ne gère bien que ce qu’on sait mesurer, c’est aussi sur la capacité à se transformer facilement en indicateurs que repose la valeur de la donnée collectée. Elle se révèle précieuse pour estimer l’usage individuel qui est fait de chaque automobile. Une personnalisation qui ouvre des perspectives en matière d’assurance pour adapter les offres à la réalité des usages quotidiens, en les indexant sur le nombre réel de kilomètres parcourus ou le mode de conduite de chaque automobiliste par exemple. Ainsi, les bons conducteurs pourront voir leur prime d’assurance diminuer. On comprend bien, aussi, l’influence positive qu’aurait un indicateur présent sur le tableau de bord de chaque véhicule en matière de sensibilisation et d’incitation aux bonnes pratiques de conduite.

le jumeau numérique à la rescousse

La capacité de modélisation est un atout maître de la donnée, qui fait aujourd’hui émerger la notion de jumeaux numériques. Beaucoup d’industries se penchent sur ce principe, qui repose sur la réplique virtuelle d’un objet ou d’un système susceptible de réagir en fonction des données dont elle est nourrie. Un avatar un peu magique, sur lequel il est possible de tenter toutes sortes d’expériences pour mieux en comprendre les conséquences, sans toutefois se confronter aux risques qu’ils représentent dans la vraie vie. De la projection environnementale à la simulation d’aléas industriels en passant par les tests de résistance, les principes d’interaction ou le diagnostic d’usure de systèmes complexes, les champs d’application de ce principe sont encore en plein devenir.

jumeau-numerique

donnée massive et économie circulaire

Appliqué au monde de l’automobile, ce jumeau numérique est une aubaine pour comprendre les comportements de chaque véhicule tout au long de leur cycle de vie. Et ainsi intervenir avec précision au moment et à l’endroit les plus opportuns, réparer une pièce usée plutôt que changer tout un ensemble, voire optimiser la durée de vie et recycler les batteries usagées. L’idée, ici aussi, prévenir plutôt que guérir. En imaginant que chaque pièce détachée puisse être identifiable et traçable, la donnée devient alors la meilleure alliée d’une économie circulaire, favorisant la récupération et le réemploi de matériel. D’autant plus si elle intègre les fonctionnalités de la blockchain qui garantissent l’authenticité et l’historique de chaque pièce. D’un point de vue industriel, l’analyse massive de cette micro-donnée permet d’identifier toute pièce ou système qui viendrait à s’user prématurément, d’améliorer en permanence les process de fabrication, la qualité de conception et, in fine, la fiabilité des véhicules. Modélisation, projection, traçabilité. La donnée devient l’alliée d’une maintenance durable.

univers virtuels pour réparations réelles

Le mieux avec la donnée, c’est aussi sa capacité à voyager et à prendre facilement la forme qu’on cherche à lui donner. Deux prédispositions qui expliquent sa filiation avec les mondes virtuels auxquels l’automobile ne pouvait que succomber. En croisant les données individuelles de chaque véhicule, la modélisation 3D et la téléassistance, les casques de réalité virtuelle ou augmentée peuvent se révéler des outils intéressant pour une maintenance « pilotée », qui permettrait aux réparateurs de s’immerger en plein cœur du système du véhicule pour en détecter les anomalies et les dysfonctionnements éventuels. Et en tirer un diagnostic à distance. Mieux, le conducteur pourrait intervenir directement sur la panne sur ses recommandations à distance. Gain de temps, gain de déplacement. Et gain d’argent.

vers un océan de services

De la recommandation de conduite à la réparation en « libre-service » en passant par l’optimisation des plannings de maintenance ou la personnalisation des offres de mobilité, les innovations qui reposent sur la donnée, ou plutôt sur son exploitation, sont donc nombreuses. Et la plupart sans doute encore à découvrir. Au-delà d’une meilleure expérience de conduite et de sécurité à laquelle nous sommes désormais habitués, cette donnée est aussi une opportunité en matière de prévention et de maintenance. La donnée numérique nous donne à voir ce qui n’est pas toujours accessible à l’œil nu dans un système complexe comme celui de la mobilité. A savoir les innombrables interactions qui existent entre un véhicule, son conducteur et son environnement routier. Elle peut par conséquent devenir cruciale pour assurer la performance de l’ensemble de l’écosystème… et laisser à l’automobiliste le seul plaisir de la conduite.

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